Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux. Ma transpiration haleta sous l’effet de la peur et de la panique, je voulais voir ce qui se passait je voulais m’enfuir mais mes yeux, mes jambes, la moindre parcelle de mon corps n’était fonctionnelle. A peine six heures après mes obsèques je sentis quelque chose ou plutôt quelqu’un me faire bouger dans mon cercueil. C’est certain, c’est l’heure! L’heure de la grande rencontre !!
Quatre jours plus tôt j’étais un jeune homme plein de vie vivant à Grand-Ravine, une petite localité de Port-au Prince. Petit village où l’on n’hésitait pas à sacrifier les habitants pour en faire des zombis, c’était la spécialité du village. Grand-Ravine possédait de grandes cours consacrée aux cérémonies de zombification et aux autres rituels locaux.
J’avais l’habitude d’y assister avec ma grand-mère qui était une grande servante des loas¹ paix à son âme mais jamais je n’aurais imaginé que ma dispute avec Ti Jean l’ancien me réserverait un tel futur. J’avais entendu parler de la malveillance de celui-ci mais c’est au moment où j’ai reçu un coup dans le dos par un espèce d’esprit mystique que j’ai su que j’allais subir le même sort que tous ceux qui s’en prenaient à lui et qui osaient marcher tard la nuit sur son territoire sans avoir la protection des esprits.
Je n’eus pas le temps de riposter, l’ombre disparu. Je tomba frénétiquement sur le sol, du même moment je sentis mes os se détacher de ses cartilages les uns après les autres, je poussa des cris atroce dont seul moi pouvais les entendre, je savais ce qui était en train de se passer mais je ne pouvais rien faire contre.
Le lendemain matin je me retrouve perché sur mon lit, auprès de moi se trouvait ma mère ma grande tante et mes frères et sœurs ils étaient tous là à me regarder j’avais une compresse humide de feuilles mêlées à du clairin blanc sur ma tête. Je les entendais s’apitoyer sur mon sort néanmoins je ne pouvais rien émettre, pas un son ne pouvait sortir de ma bouche, j’étais paralysé et je souffrais l’agonie.
Trois jours après j’entendis l’annonce de mon convoi par ma famille en pleur j’étais présent sans l’être vraiment ça me faisait de la peine de regarder ma famille et mes amis pleurer ma mort. J’étais sidéré, rien ne pouvait sortir ni rentrer dans mon cerveau ni dans tout mon être.
Je ne savais faire que deux choses; m’écouter et écouter le monde extérieur. J’entendais tout ce qui se passait dehors, les pleurs, les crises de ma famille consternée par la situation à dire que les capacités de mon ouïe se sont hautement perfectionnées.
Quelques heures après, le calme prit place petit à petit. Six pieds sous terre, je ne pouvais pas respirer, je n’en avais pas besoin tout mon corps était anesthésié. J’avais pris peur en entendant des voix se rapprocher de plus en plus rapide de la position où j’étais enterré je ne voyais rien, non, je ne pouvais rien voir, mais que se passait t-il? Je sais ce qui allait se passer, je n’avais qu’une seule option, attendre, attendre ma destinée de zombi qui sera pleine d’embûches. J’attendis…
« Akò ohh!!!! Akò!!!!! Mon enfant n’aie pas peur!! Viens trouver ton maître!!!»
Des coups de tambour rugissait de nulle part ça et là se faisant entendre à qui le peut.
Soudain je sentis couler la sueur depuis ma nuque jusqu’à mes fesses.
Le chant sarcastique recommence…
«Akò ohh!! »
Tout à coup il se mit à pleuvoir de tel que même si on était au centre de la terre on pourrait entendre les gouttes tomber. Vingt secondes plus tard elle disparu comme si rien ne s’était passé.
- Ça y est le cercueil est ouvert, je sens mes membres prendre vie très lentement. Que se passe-t-il ?
Oui je sais! Je suis le nouveau zombi de la zone! Je suis Akò, le zombi de Grand-Ravine.
Loa : esprit de la religion vaudou qui protège.